Bitef
et sans public. S’il est histrionique le théâtre contemporain n’en est pas pour autant léger, superficiel, cherchant simplement à amuser et privé de recherche sur l’essence humaine ou sociale. Il a tout simplement pris d’autres voies ou bien il est retourné sur des voies très anciennes. En tout cas aussi bien aux moments où le théâtre est plein de sagesse comme aux moments où il n’est point intellectuel il n’échappe pas à ce qu’en a écrit le sociologue du théâtre Jean Duvignaud: L’art n’est pas la réponse à une question, il exprime clairement la question qui n’a pas encore trouvé de réponse. Il n’y a pas eu de BITEF, depuis sa création, dont le répertoire comportait si peu d’oeuvres classiques tout en offrant autant d’autres prétextes aux spectacles, comme celui de cette année. La majorité de spectacles, y compris ceux dont le texte est signé, est créée par l’ensemble d’acteurs dont le jeu a formé la représentation. C’est le cas du spectacle Double and Paradise du Serapions Theater de Vienne, aussi bien que du Bus de Modène selon Raymond Queneau, du Fin de l’Europe de Poznan des Prisonniers de la Liberté de Ljubljana, du Bouffon de la Reine de Brno, avec un comédien extraordinaire - B. Polivka, de Gevrey Chambertin de Paris et c’est même le cas des spectacles tels que Charan de New Delhi et L’Etoile et la Mort de Moscou selon les textes du poète Pable Neruda. Tous ces spectacles exhalent un esprit jeune, une énergie nouvelle tandis que tout préjugé de genre ou de forme théâtrale en est absent. Ils ont subi l’influence d’une nouvelle pop-culture, culture de la jeunesse nouvelle. Tel est aussi le spectacle du Songe d’une nuit d’été du théâtre non-conventionnel de Mülheim/Ruhr, spectacle frais et critique, autant que celui du Grand et Petit du même théâtre et celui de La Tempête de Barcelone. Les questions que ces spectacles cherchent à poser ne sont certainement pas les mêmes que posait le théâtre il y a plus d’une décennie
et demi au moment où le BITEF fut fondé. C’est à nous de reconnaître ces questions. □ Mira Trailovié et Jovan Cirilov