Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L'« ÉGRILLARDE » EN FRANCE 71

eroitre Sur les grands chemins ; Sully se réjouissait de ce que son cher Henri IV les avait fait disparaitre; jamais je n'ai tant lu et relu la Henriade et tous les mémoires de ce temps-là que pendant cel hiver. »

La date du 4 août 1790 fut pour l'Impératrice une date pénible. Elle se résigna difficilement à voir la noblesse iminoler ses privilègessur l’autel de la patrie: « Une des plus absurdes opérations de l'hydre à 1200 têtes, c’est la destruction de la noblesse ; quoi? ce que les familles ont acquis par leurs travaux, par leurs services, on le leur ôte ? Et pourquoi, s'il vous plait, ôter aux gens l'honneur et le profit ? Quel sera done l’aiguillon qui les fera aller ? » (1)

Il n'est pas dificile de saisir pourquoi celte question de la noblesse la touche tant au cœur. Au-dessus du moujik il n’y a en Russie que la petite noblesse qui tient la majorité des emplois de province, et la grande noblesse de cour. Qu'adviendrait-il de la Russie, si disparaissait l'aiguillon des titres, des privilèges, des paysans à donner ? Catherine ne peut pas se faire à cette idée de l'abolition des privilèges. Aussi faut-il voir comme elle revient sur ce sujet ? La lettre qu’elle éerit à Grimm le 27 septembre 1790 mérite d’être citée en entier, parce que la cause à laquelle elle attribue l’abolition des privilèges est d'un comique achevé, — bien que rien ne doive étonner de la part d’une souveraine qui changea si souvent de sentiment, et qui à côté d'idées géniales en eut tant d'erronées. — Ses erreurs

(4) Lettre à Grimm du 13 septembre 1790.