Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

72 CATHERINE II ET LA RÉVOLUTION

sont généralement gaies. On conviendra que celle-ei est du nombre. « Les fêtes de la paix n’ont donné la toux ; pour la faire passer je me suis mise au lit de gaité de cœur ; j’espère dans six semaines lire dans les gazettes comme quoi je suis mourante. Mais au lit j'ai fait des réflexions, et entre autre j'ai pensé qu'une des causes pourquoi les Mathieu de Montmoreney, les Noaiïlles, ete., sont si mal élevés, et pensent si peu noblement qu'ils ont été les premiers promoteurs du décret qui abolit la noblesse, acquise cependant par les services et les travaux de leurs ancêtres, tout comme par ceux des autres familles, c’est en vérité de ce qu'on a aboli chez vous les écoles de jésuites : on a beau dire, ces coquins-là veillaient aux mœurs et au goût des jeunes gens, et tout ce que la France a eu de meilleur est sorti de leurs écoles. Je lis et relis la Henriade pendant ces troubles de la France ; conscillez aux Français dela lire, afin que les gredins ci-dessus nommés apprennent à penser. » En même temps que la Henriade, Catherine lit des ouvrages classiques. La lecture des anciens est à son avis un merveilleux procédé pour se retremper l’âme. C'est dans une « pancarte » de la même époque qu’elle nous apprend quelle était sa distraction, en compagnie de son favori Platon Zoubof. quand le bruit des canons suédois arrivait jusqu'à Tsarskoë-Sélo. « Les anciens mettaient la plus grande valeur à supporter, à réparer les malheurs ; c’est là qu'ils déployaient la vraie grandeur de leur âme, et la trempe vigoureuse de leur esprit et de leur courage. Les héros modernes devraient les imiter, ils devraient se nourrir l’âme de la lecture des anciens: