Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

T4 CATHERINE II ET LA RÉVOLUTION

Le jugement de Langeron n’est pas suspect et mérite d’être retenu. Langeron, qui servit en qualité de colonel en Russie, arriva à Pétershourg en 1790 et fut reçu à Tsarskoé-Séio pendant que s’ytrouvait le prince de Nassau. Il eut un long entretien avec l’Impératrice sur les troubles de France; il lui parut qu'elle en avait une « connaissance parfaite » et qu'elle les « jugeait parfaitement. » Il faut dire que Langeron était un fidèle partisan du roi; c’est l'effet qu'il produisit sur Catherine qui l’écrivit à Grimm : « Langeron me parait un chevalier français qui ne raflole pas de votre folle démocratie royale. » Langeron nous raconte que huit jours après sa première entrevue avec l'Impératrice, il retourna à Tsarskoé-Sélo, en uniforme russe, et que Catherine lui tint ce langage : « Mon habit vous va fort bien; ilest un peu aristocrate; je ne sais si vous en êtes fàché. J'ai toujours eu une profonde estime pour les gentilshomraes français. Je sais que Louis XIV et Henri IV. deux monarques que tous les autres doivent prendre pour modèles, se croyaient et étaient en effet invincibles à la tète de leur noblesse. »

Nous savons que la Tsarine eut toujours l'ambition de ressembler à Henri IV, de même qu’elle n'eût pas été fâchée que la postérité consacrät le siècle de la grande Catherine à la suite du siéele de Louis XIV. Cette préoccupation de se modeler sur le galant Béarnais se retrouvera jusque dans les avis qu’elle fait passer aux Émigrés à Coblentz. Quand elle écrit à ces « descendants d Henri-quatre fugitif, » elle leur dit « qu’ils ne doivent pas avoir d'autres plans que ceux de ce héros de la