Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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chesse, et il me diten pleurant : Oh! Monsieur, ce n’est pas fini, et plüt à Dieu qu’il n'arrive rien de plus funeste. » Langeron ajoute : « Le roi de Pologne avec qui je parlai aussi en grand détail de la Révolution, à mon passage à Varsovie, ne me parut pas en avoir une idée aussi juste. En qualité de philosophe, il penchait beaucoup pour les principes, dont il a été ensuite luimème la victime. »

On voit avec quel esprit Langeron juge la Révolution. Il est homme de l’Ancien régime, et ne comprend guère mieux que Catherine la démocratie etle mouvement révolutionnaire. Il ne cache pas son hostilité contre la Révolution, car il ne saurait admettre qu’on la jugeât autrement; mais son intelligence est vive et son instruction solide; de plus, il a quelque perspicacité, et il se prononce sur les évènements avec moins de passion que Catherine.

L'histoire ne pardonnera pas à Langeron d’avoir souillé sa vie en combattant la France, mais il a donné sur la Russie de Catherine et sur les principaux personnages de son entourage, — militaires et favoris, — un jugement indépendant qui mérite d’être retenu. Il est parfois sévère; mais les intrigues qu’il raconte appuient son dire. Le tableau qu'il nous trace de la cour de Catherine,de Patiomkine et de Platon Zoubof peut être considéré comme un monument fidèle et sûr. Il est donc permis de s’en fier à lui quand il dit de Zoubof qu’il fut le plus triste despoté qu’eut la Russie, quand il nous fait le récit de ses réceptions aussi comiques que ridicules, et quand la platitude des courtisans lui fait pous-