Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L'« ÉGRILLARDE » EN FRANCE 19

à Khrapovitski qui l’a consigné dans son journal : « Et comment des cordonniers sauraient-ils diriger les affaires ? Le cordonnier ne sait que faire des souliers. » Que pourra-t-elle dire contre les Jacobins de la Convention, puisqu'elle compare les membres de l’Assemblée Constituante à Pougatehef, ce qui dans sa bouche est la pire des injures? Et de fait elle n'en trouvera pas de plus terribles en 1793. C'est avec la mème excessivité qu’elle parle d'hommes si différents : constitutionnels, girondins, régicides. Elle les jette tous dans le même panier. Ainsi elle écrira à Grimm le 23 juin 1790 : « Jamais à.Kief personne ne se serait jamais douté qu'Alexandre de Lameth deviendrait un enragé.» Et elle terminera cette même lettre : « L'on dit que le maître se plait à cette bourgeoiserie, et voilà ce qui ne détruira point la chose. Le royaume est à plaindre ef tous les gens sensés! Pour de la multitude el de son avis il n’y a pas grand cas à faire.» Aucun souverain n’aima la popularité comme Catherine; par les philosophes elle avait obtenu les faveurs de l'opinion publique ; néanmoins, la multitude n’eut jamais son estime, etce ne sont pas les évènements de France qui pouvaient la lui faire aimer. Elle ne varia pas sur ce point. Un autre jour elle éerivait à Grimm : « Le public n’a pas le sens commun, la plupart du temps. » C'est en 1790 que la colère de l'Impératrice se déchaine particulièrement violente, En août, au moment où elle vient de conclure avec Gustave III un traité qui met finà ses hostilités avec la Suède, elle éerit à Grimm : « Le ton plaintif va très bien à un habitant de la capi+.