Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L'« ÉGRILLARDE » EN FRANCE 84

pense qu'il faudrait qu’elle devint folle. Les démocrates français sont en démence, ne leur en déplaise. »

De toutes ces citations il ressort qu'aux yeux de Catherine les démocrates français furent des énergumènes auxquels ne convenait que la politique du sabre « Croyez-moi, a-t-elle écrit à Grimm le 12 février 1790, pour venir à bout de ses ennemis le moyen le plus efficace sont les coups. »

IL ne faut pas trop rire des jugements parfois comiques que l’Impératrice porte sur la Révolution et sur les hommes qui ladirigèrent. L'orage qui se déchaine à l’autre bout de l'Europe, elle ne l’aperçoit que de ses galeries de l'Ermitage, que de ses pelouses de TsarskoéSélo, et outre qu'il lui arrive défiguré après un aussi long voyage, elle est obligée par métier de ne le considérer que d'après les intérêts de sa couronne et de son Empire. Ce qu’elle écrit à Grimm le 24 janvier 1789 restera jusqu'à la dernière minute de son règne la règle immuable de sa politique : « Il faut dire la vérité: vous ètes un grand politiqueur ; vous parcourez toute l'Europe en deux pages, mais comme cela s’est fait pour me dire que je n'ai qu’à faire que ce que mon intérêt me dictera, je vous en suis bien obligée, et je vous assure que je u'y manquerai pas. » Cet aveu soulève l'énigme de sa conduite. On ne saurait mieux dire, et nul n'aurait su se tenir à celte règle plus strictement qu'elle ne le fit. La raison d'Etat fut le principe immuable de sa politique.