Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L'( ÉGRILLARDE » EN FRANCE 83

ses coudées franches en Pologne et en Orient, et elle y réussit assez pour en tirer des bénéfices qui auraient été plus considérables encore si l'Europe n'avait pas pénétré ses intentions.

Nous avons vu que dès 1789 et 1790 Catherine considère le roi de France au-dessous du rôle qui lui incombe. Non seulement elle a décidé de ne pas lui prêter un concours efficace, mais encore elle critique son manque de caractère avec un sans-gêne rare. Louis XVI ne lui parait-il pas un peu ridicule quand elle écrit à Grimm : « Pour ce qui regarde vos affaires en France, malgré mon amitié pour le personnage, je crains et je commence à comprendre que mon ami n’a pas la tête de sa place, ni de sa position. Tout le malheur d’une maison particulière souvent vient de ce que l'esprit du maitre régit ou ne régit pas ses affaires, et alors,elles vont bien ou malselon que sa tète va :il en est de même chez vous. » (1)

Catherine avait plus d’égards pour Marie-Antoinette. A la vérité, elle souhaite que les malheurs de la France aient une fin et que la situation de la reine se modifie ; mais elle estime avoir fait beaucoup pour Marie-Antoinette quand elle a dit que « c’est dans les grands périls que les grands courages triomphent. » Elle la compare, d’ailleurs, à sa mère, et la croit de taille à supporter vaillamment l'épreuve. A la mort de Joseph II elle écrira: « J'ai plaint mille et mille fois à ce sujet encore la reine de France qui a fait tant de pertes différentes en

(1) Le 21 avril 1791,