Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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si peu de temps ; mais elle a bien le caractère de courage de sa mère et l’intrépidité de sa famille. »

Le 10 mai 1791 elle dit à Grimm: « Personne ne désire plus que moi que la France reprenne sa place en Europe, et je suis très tendrement attachée au roi, à la reine et à tout ce qui les regarde ; par métier et par devoir, d’ailleurs, je suis royaliste, et n'ai encore vu faire à aucune assemblée ou diète autre chose que des multitudes de bévues, ce qui assurément ne fait pas grand honneur à l’espèce humaine rassemblée… Il faut que vos Gaulois aient des cœurs de roche ; comment, cette reine qui, les larmes aux yeux, n'ose parler à personne, ce roi prisonnier auquel on fait écrire et publier des platitudes dénuées de dignité, des vérités qui le dégradent, ainsi que sa nation, aux yeux de l'Europe, ne trouvent pas de libérateurs, de sauveurs. des cœurs movibles pour les tirer de ces vilaines Tuileries bâties par Catherine de Médicis. Qu'on me les tire de Paris ; voilà à quoi toute la France devrait s'occuper. »

Cest la mème préoceupation qui reparaît quelques jours après : « Vous feriez très bien d'emmener avec vous, si faire se peuf, et même s’il se pourrait, de mettre, en vous en allant de Sodome et de Gomorrhe, dans votre poche le roi des Français, afin qu’il parvint sain et sauf au moins jusqu'aux frontières de son royaume. Vous le remettriez là à M. de Bouillé luimême ou à tel autre bien intentionné, afin qu’il préservât sa Majesté très Chrétienne de tous les malheurs dont il nous parait menacé, et quoique nous n’ayons jamais un seul moment tremblé pour nous-même, nous