Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L’« ÉGRILLARDE » EN FRANCE 85

tremblons tous les jours de la vie, depuis près de 3 ans, pour notre grand ami Louis XVI, pour la reine son épouse et pour ses chers enfants que nous voudrions savoir hors de Paris. » (1) Voilà de belles protestations d'amitié, m&is Catherine est trop pratique pour ne pass’en tenir là. Elle n'aura pas la naïveté de tomber dans le piège qu’elle tend à l’Autriche et à la Prusse.

Louis XVI, circonvenu de conseils contradictoires écouta ceux qui lui disaient de fuir « Sodome et Gomorrhe. » Cette fuite, en apparence protégée par la Russie, puisque cétait par l'entremise de son ambassadeur à Paris, de Simoline, que la baronne Korf, fille d’un banquier de Pétersbourg, obtint pour elle, pour sa famille et pour sa suite, un passe-port qui devait servir à la famille royale, ne pouvait avoir que de l'écho à la cour de Russie. La joie de Catherine futde courte durée. La nouvelle de l'arrestation des fugitifs arriva à Péterhof presque en même temps que la nouvelle de leur départ de Paris. .

Cet échec piteux fit du roi de France le prisonnier de Paris. Catherine qui, à l'opposé de l'Empereur Léopold, ne voyait le salut que dans la fuite, en fut profondément troublée. Le 27 août 1791 elle écrità Grimm : « L'ingratitude de la nation ou plutôt de la populace française vis-à-vis du roi est ce qu'il y a de plus frappant dans tout cela, J'ai de ma nature un très grand mépris pour tous les mouvements populaires, et je parie comme

(1) Lettre à Grimm du {t* juin 1791.