Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L'« ÉGRILLARDE » EN FRANCE 87

qu’il n’a aucune envie de tenir, et que personne ne lui demande, qui plus est. Mais que sont donc ces gens sans jugement qui lui font faire toutes ces bêtises-là ! Ce sont vraiment des lâchetés indignes : on dirait qu'ils n'ont ni foi, ni loi, ni probilé. Je suis dans une colère horrible ; j'ai tapé du pied en lisant ces. ces... horreurs. Fi des vilains | Quand vous reviendrez à Paris, et s’ils ne sont pas tous pendus encore, prenez une verge et donnez bonnement le fouet aux écoliers, conseillers du roi de France, pour toutes les pauvreiés qu'on lui conseille de faire : cela s'appelle se discréditer, s’avilir, se rendre méprisable et ridicule ; en un mot, soufiletez-les si vous pouvez ; je vous donne carte blanche pourvu qu'on les rosse :

Renoncer aux Dieux que l’on eroit dans son cœur C’est le crime d'unlàche et non pas une erreur.» (1)

Sa colère n’est pas feinte. Cinq jours après, le 30 septembre 1791, elle dira à Grimm: « Je pense que vous rirez de ma colère, mais c’est que je n'aime pas les bêtises. »

Le roi, à son avis.« s’est mis à la tête des émeutiers. » Dès lors, à quoi bon le secourir, puisque dans toute sa conduite il ne montre «qu'inconduite, » et puisqu'il a si peu conscience de l'intérêt monarchique ? C’est le moment où Catherine s'engage du côté des Emigrés. Ils vont être pour elle «les expatriés», en attendant le jour où elle ne les traitera plus qu’en réfugiés.

(1) Lettre à Grimm du 25 septembre 1791.