Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

88 CATHERINE II ET LA RÉVOLUTION

Il était écrit que les hésitations, les contradictions et le double jeu de sa politique devaient achever Louis XVI. Catherine, qui voyait cela, était depuis longtemps déjà décidée à se tourner vers les Emigrés avec lesquels elle entretenait des relations et qui avaient toutes ses préférences ; mais le serment constitutionnel de Louis XVI ne fut pas sans être de quelque poids dans sa détermination. « Que veut-on, que ne veut on pas, écrit-elle à Grimm le 9 mai 1799, je l'ignore, et personne n'y comprend plus que moi ; le mari disant une chose, la femme une autre, et le premier ayant consenti au dire de sa moitié, et de rechef lui donnant un gros démenti. » Le 23 septembre 1791 elle lui avait écrit : « Pour avec les petits-fils d'Henri IV, retirés à Coblentz, je suis depuis quelque temps sur un pied très amical, et ce n’est pas d'aujourd'hui que je m'intéresse pour eux, et je les aiderai avec persévérance de plus d'une manière, »

Nous savons à quoi nous en tenir sur ce «de plus d’une manière ; » elle leur fournira quelques subsides et ce sera tout. Elle ne ménagera pas les encouragements, il est vrai; elle écrira : « Mon intention et volonté est que mes chevaliers de Saint-Georges (1) procurent au plus tôt à leur patrie la paix el la tranquillité et à leur roi ce qui lui appartient par droit pour le développement du royaume et le bien des sujets. » Dans cette mème lettre elle dira aussi: «Il ne doit y avoir qu’un souci : rétablir l'ordre et l’obéissance, et écraser l'anarchie, cause de tous les malheurs. » Elle la écrit

(1) Les Emigrés.