Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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Si nous en croyons Langeron, M. d'Esterhazy était un homme d'esprit, très instruit, et qui «sous un extérieur brusque cachait beaucoup de finesse. » Langeron ajoute que peu scrupuleux, il réussit à se faire adjuger un lot des dépouilles des Polonais et s'enrichit aux dépens des proscrits. En homme prévoyant, d’Esterhazy ne s'était pas borné à rechercher les bonnes grâces de Catherine et de Zoubof ; il s'était aussi adressé au grand-duc Paul, etilen avait reçu le meilleur accueil. L’Impératrice, devenue méfiante vis-à-vis des étrangers, le reçut avec une affabilité marquée. Langeron nous dit « qu'il était admis à la société la plus intime de l'Impératrice, passait avec elle toutes les soirées d’hiver à l'Hermitage, était de tous ses petits voyages dans l'été, et un de ses courtisans les plus assidus à Tsarskoé-Sélo. » Rostoptchine dit de son côté : « D'Esterhazy, grand faiseur de mols, occupe les femmes le long du jour par son désespoir au sujet du roi, et ses doléances arrangées pendant la nuit font beaucoup d'effet, et lui ont valu le titre d’homme sensible. » Langeron ni Rostoptchine n’exagèrent. Nous savons par sa correspondance avec Grimm que Catherine eut un vrai engouement pour d’Esterhazy. En 1795 elle dira: « C'est mon bon ami, il n'est jamais si heureux que quand il est avec moi. » Et Catherine se faisait chanter le cà #ra par le fils de M. d’Esterhazy ! On a beau être anti-révolutionnaire, on n’en applaudit pas moins les chansons républicaines !

On sait également que Louis XVI et Marie-Antoinette inquiets du rôle que M. d'Esterhazy jouait à Pétersbourg et de l'influence qu’il y avait prise sur l'esprit de l’Im-