Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L'« ÉGRILLARDE » EN FRANCE 9f

pératrice, y firent envoyer par M. de Breteuil, à qui ils avaient confié la direction de leurs intérêts dans les cours européennes, le marquis de Bombelles. On se doute de ce qui arriva. Bombelles arriva à Pétersbourg le 26 janvier 1792. Il était porteur d'une lettre de Marie-Antoinette à l’Impératrice, et d’un long mémoire de Breteuil. IL fut immédiatement reçu par le chancelier comte Ostermann, mais eut assez de peine à obtenir une audience de Catherine qui « l’accueillit avec sécheresse et hauteur. » (1)

Catherine n’aimait pas Breteuil qui, chargé d’affaires de France à Pétersbourg en 1762, lui ‘avait refusé son concours pécuniaire, et ne s’était pas prèté à la conspiration à laquelle elle devait le trône ; elle avait gardé de ce refus un ressentiment profond. Catherine annota le mémoire de Breteuil, que Bombelles lui remit, de cette phrase significative : « Dans tout ce mémoire, je ne vois que la haine de Breteuil contre Calonne. Il faudrait envoyer au diable des conseillers tels que Breteuil. » (2). Et l’Impératrice met en marge de la lettre de la reine de France : « Qu’attendre de gens qui agissent sans discontinuer avec deux avis parfaitement contradictoires, l’un en publie, l’autre en secret ? C’estelle qui a Lout perdu, cette contradiction continuelle ; c’est elle qui empêche d'aller en avant. Le seul parti qui le pourrait, celui des Princ?s, on le voudrait en arrière. »

(1) Cublentz, 1189-1793, par M. Ernest Daudet. (2) D'ici peu, Calonne ne sera pas mieux traité.