Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

92 CATHERINE II ET LA RÉVOLUTION

Bombelles était chargé de faire accepter par la Tsarine l’idée d'un congrès. Les réponses de Catherine restèrent évasives, et Bombelles ne put pas la décider à se prêter aux vues des Tuileries. Loin de parvenir à ébranler le crédit de d'Esterhazy, il ne réussit qu'à compromettre davantage la cause de Louis XVI et de Marie-Antoinette. L’'Impératrice persista à considérer Esterhazy comme le représentant de la monarchie française. Devant un tel accueil, Bombelles quitta Pétersbourg. Catherine tint si peu compte des désirs et des recommandations de la cour de France, qu’elle fit part au prince de Nassau et au comte Roumiantsof du but de la mission Bombelles, bien que Marie-Antoinette l’eüt priée d'en garder le secret. Le comte Roumiantsof s’empressa d’avertir le comte de Provence et le comte d'Artois de ces négociations: et ceux-ci en concurent un violent dépit contre Louis XVI. Cest ainsi que cette mission du marquis de Bombelles, faite au moment où unrapprochement venait d'être tenté entre les Tuileries et la cour de Coblentz, eut pour principal résultat de refroidir les rapports déjà tendus entre le roi et ses frères, entre Breteuil et l'Émigration représentée par Calonne et le maréchal de Castries.

Et ce qui prouve bien, d’ailleurs, quelle différence Catherine fit entre d'Esterhazy et Bombelles, c'est que tandis qu’elle écrivait à Grimm : « Le comte Esterhazy est ici, et je letraite sans aucune cérémonie, et il me parait assez content de moi, » voici ce qu’elle disait de la mission de l’autre : « Si vous voulez que je vous dise