Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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dédisant vingt fois par jour : il est étonnant comme souvent les gens manquent de principes. Il nya pas bien longtemps encore qu'on m'a fait parvenir que le roi de France aimerait mieux se jeter entre les bras des Jacobins que de se trouver entre ceux de ses frères ; après cela que dire et de quoi s'étonner si tout est sens dessus dessous ? Il y en a pour des dizaines d'années de chutes, rechutes et rerechutes, de façon que ni vous ni moi peut-être n’en verrons la fin. On ne veut pas que le parti des Princes lève la tête ; on craint ce parti si fort qu’on ne veut pas que leurs forces restent ensemble ; on les sépare par petits corps. Oui-da, laissez-les entrer en France; il y a toute apparence que pour peu que ces princes soient dignes du sang qui coule dans leurs veines, ils feront très bien tout seuls leur besogre., Les Autrichiens ne feront pas grand’chose, les Prussiens se fatigueront, s’'épuiseront, et les Princes resteront en France forts de leur cause, avec un parti qui prendra le dessus, pour peu qu’on se conduise comme il faut. Or, pour cela, il ne faut que quatre ou cinq ingrédients, qui ne sont pas si difficiles à remplir. Courage, fermeté, magnanimité, sagesse et le jugement convenable pour mettre toutes ces pièces à leur place. Basta. » Ce fragment de lettre était trop caractéristique et trop remarquable pour ne pas être cité.

On conviendra que Catherine était dans le vrai de trouver assez risible ce luxe d’ambassadeurs venus à St-Pétersbourg pour y intriguer et s'y combattre les uns les autres, au lieu de collaborer et d'aider au relèvement de l'autorité royale. L'histoire a condamné