Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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son expression, à les lancer contre la France. Mais elle n’a pas bougé. Et quand la coalition est formée, elle s’efforcera d'en empêcher la dislocation : mais elle se garde bien de promettre l'appui de ses armées, À ceux qui la presseront trop, elle répondra que les Emigrés ont déjà ressenti les effets de son bienfaisant concours, et qu'elle ne les abandonnera pas.

Elle à aussi un autre argument. À son avis, ilimporte pour la sécurité de l'Europe, de tenir en respect « la Jacobinière » de Varsovie, — les Polonais sont pour elle des révolutionnaires pasticheurs, — et elle veut bien se charger de cette délicate besogne. « Je suis bien aise, écrit-elle à Grimm le 7 décembre 1792, que vous soyez persuadé que je vois et pense droit sur les affaires du temps ; mais malgré cela je prèche aux sourds, tout le monde en croit savoir plus que moisur cet article. Demandez à votre Saint-Nicolas (1) : il vous dira que personne ne m'écoute, quoique je dise les plus belles choses du monde ; le ciel les a tous doués d’aveugle ment. » La vérité est que l'Autriche et la Prusse voyaient clair dans le jeu de Catherine et n'étaient pas disposées à lui abandonner la Pologne. Le premier partage avait excité les convoitises des trois co-partageants ; aucun d'eux ne voulait manquer à la curée.

Telle fut la politique de Catherine, après comme avant les défaites de la coalition. C’est dans les premiers mois de 1792 que Catherine avait rédigé son fameux Mémoire sur les mesures à prendre pour le rétablissement en-France du pouvoir royal, — mémoire qui prouve avec

(1)-M. de Roumiantsof.