Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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posée à agir militairement. Le fait est que cette note ne nous montre pas l’Impératrice disposée à intervenir elle-même. Tant qu’elle le put, elle se contenta de fournir aux Princes des subsides, rognant même parfois sur les sommes qu'ils demandaient à sa caisse. Nous savons qu’en 1791 elle leur fit passer 500,000 roubles et leur promit autant pour l'avenir (1). Mais elle leur donnait surtout des avis, leur conseillant d’agir avee unité et de compter plus sur eux-mèmes que sur l'appui de lEurope monarchique; elle critique à nombreuses reprises l’idée de s'attaquer à Strasbourg où ils éprouveront des difficultés, — et un premier revers leur serait fatal ; — elle les engage plutôt à se contenter de quelque « bicoque » facile à prendre, le premier succès devant donner de l’élan à leurs troupes et les mener à Paris! Sa politique, en un mot, est contenue dans cet aveu qu'elle fiten 17992 à Khrapovitski : « Je me casse la tête pour entrainer les cours de Vienne et de Berlin à s’immiscer dans les affaires de France. La cour de Vienne consentirait, mais celle de Berlin ne bouge pas. Ils ne me comprennent pas. Ai-je tort?Il y a desraisons qu’on ne peut pas dire ; je veux les engager dans les affaires pour avoir les coudées franches. J'ai en vue beaucoup d'entreprises inachevées et il faut qu'ils soient occupés

(4) C'est le 1er octobre 1791 que Catherine avail envoyé deux millions de franes aux Princes ; mais elle y avait mis, il est vrai, la condition qu'ils délivreraient la France des « révolutionnaires. » « Comment refuser de vous assister encore lorsque vous me dites qu'avec ce secours vous délivrerez votre patrie de ses oppresseurs? Mais aussi c'est une condition que l’Europe entière attend de vous. »