Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

108 CATHERINE II ET LA RÉVOLUTION

elle recherche l'amitié des Émigrés, qui rêvent le rétablissement de l’autorité déspotique en France, autant elle s'associe aux partisans de la liberté et de l'anarchie en Pologne, et s'attache à eux. Cette contradiction ne leffraie pas. Ses intérêts le veulent ainsi. « Eh bien, écrit-elle à Grimm, cette diète de Pologne que vous mettez au-dessus de l’Assemblée nationale, vient de renchérir en folie, car par amour de la liberté et pour être plus sûre d’icelle, elle vient de se livrer pieds et poings liés au roi de Pologne. Ne faut-il pas avoir le diable au corps, depuis la tête jusqu'aux pieds, que de manquer ainsi à son premier principe ? »

À la base de cette constitution de 1791, qui s’inspirait des théories de Rousseau, avait été posée cette maxime venue dleParis :« Dans la société tout pouvoirémaneessentiellement de la volonté de la nation. » Ce n’est pas cette formule qui effarouchaïit Catherine, Ce qui l'inquiétait, c'était de voir la Pologne échapper à l'anarchie et se relever sous un gouvernement réparateur. Il fallait l'en empêcher à tout prix. A partir de ce moment, elle redoubla d’efforts pour lancer la Prusse et l'Autriche sur le chemin de Paris ; mais l'Empereur Léopold voyait clair dans le jeu de la Tsarine, et Frédéric-Guillaume était également en défiance. Aussi « l'ardeur des deux Allemands à guerroyersur le Rhin, se refroidissait à mesure que s'échauffait l'ardeur de la Russie à les y pousser.» (1)

L’Autriche était surtout rebelle. L'Empereur Léopold

(1) M. Albert Sorel.