Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L? « ÉGRILLARDE » EN FRANCE 109

n'avait connu sa sœur qu’à l’âge de 40 ans, et peu lui importait la destinée qui lui était réservée. Il résistait à tous les assauts, à toutes les insinuations. II malmenait presque le comte d'Artois qui le serrait de près. L’Autriche ne voulail marcher que dans le cas d'une entente des puissances, et les efforts de la diplomatie démontraient l'impossibilité de cette entente. L'Espagne ellemème, qui avait promis son concours, se dérobait ; les autres puissances faisaientcomme Catherine, et celleei voulait laisser l'honneur de l’aventure au roi de Prusse dontelle se moquait, et à l'Empereur dont elle se méfait. L’Autriche et la Prusse, détournées par Kaunitz qui wapercevait pas de dédommagements suffisants, étudiaient cependant les combinaisons permettant de démembrer et de spolier la France, pendant que la Tsarine jetaitsur la Pologne des yeux d'envie.

La conférence de Pillnitz n’avait abouti, en 1791, qu'à un platonique plaidoyer dont les sous-entendus laissaient deviner que la cause du roi de Franceétait sacrifiée.Les Princes firent des efforts désespérés; ils se heurtèrent à une résistance inflexible. Ils songèrent à s'adresser à Catherine, et composèrent ce fade écrit connu sous le nom de Mémoire des Princes, où, pour flatter ses goûts, les allusions à la Henri IV lui étaient prodiguées, et où se lisait ee passage naïf: «Les secours combinés de la Suède et dé la Russie auraient un avantage qui les rendrait infiniment précieux : l'évidence de leur désintéressement. » La Tsarine dut bien rire en lisant cette épitre ; elle ne se, laissa pas prendre à cette «évidence.»

Catherine, déeidée à ne pas se laisser amuser en de-