Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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hors du projet Grec et du projet Polonais, pouvait-elle mieux faire que d'entretenir les Princes dans leurs illusions, quand, pour la flatter et la convaincre, ils lui écrivaient qu'ilssuivaient « e panache de leur ancêtre Henri IV sur le chemin de l'honneur ? » (1).

L'Impératrice se contenta donc d «invectiver » la Révolution et de « proscrire » les Jacobins.

Mais il n'en était pas de même de Gustave de Suède. Les Princes avaient trouvé en lui un avocat à la fois présomptueux et maladroit, ardent et désintéressé. IL était arrivé en 1791 à Aix-la-Chapelle ; il s'était posé en protecteur des Princes et des Emigrés, leur promettant de faire cause commune avec eux, non pas tant pour défendre Louis XVI dont il écrivait : « Sa conduite a sûrement passé en lâcheté et en ignominie tout ce qu’on pouvait présumer, » que pour anéantir le gouvernement « métaphysique » qui menaçait de gangréner toute l'Europe. Et tandis que Catherine prétendait que la cause du roi de France était la cause de tous les rois, Gustave écrivait à l’Impératrice : « Il peut êtré égal si c’est Louis XVI, Louis XVIT où Charles X qui occupe le trône pourvu qu'il soit relevé, pourvu que le monstre du manège soit terrassé, et que les principes destructeurs de toute autorité soient détruits avec cette infâme assemblée et le repaire infâme où elle a été créée. Le seul remède à cela, c'est le fer ou lé canon. Il se pourrait qu’à ce moment le roi et la reine fussent en danger, mais ce danger n’équivaudrait pas à celui de toutes les

(1) Archives Woronzof, tome XVII, page 16.