Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

112 CATHERINE IL ET LA RÉVOLUTION

raitle commandement de l'expédition. M. d’Escars pensait trouver les troupes prêtes à s'embarquer. Il avait été dit que Catherine fournirait des troupes et l'argent nécessaire. Rien n’avait été fait, et M. d’Escars fut très surpris de trouver Gustave négociant encore avec l’Impératrice les termes de l'alliance dont les bases seules avaient été jetées. À vrai dire, le traité d'alliance ne fut signé que le 19 octobre 1794.

Les responsabilités de ce retard incombaient à Catherine, qui avait voulu déjouer ainsi les plans de son associé. Est-il permis d'en douter quand on sait ce qu’elle écrivait à Grimm le 22 octobre 1791, trois jours après l'échange des signatures ? « Le nouvel allié n’a pas honte de demander à venir se montrer ici, chose que nous cherchons à décliner tant qu'humainement possible. Comment voulez-vous que je lui confie des troupes ? Il ne les sait pas mener. » Est-il permis d'en douter quand on sait ce qu’elle répondit à l'émigré qui lui demandait de prêter du moins ses vaisseaux pour le transport des troupes du roi de Suède ? « Mes vaisseaux désarment, comment les Anglais resarderaient-ils cette expédition ? Ils sont de mauvaise foi. Ce projet-là est impossible. »

Les Princes joignirent leurs instances à celle de Gustave IT. Ils le firent même avec une adulation qui ne leur coûtait guère : « Passant le Rhin ne fut-ce qu'avec 10.000 hommes, nous en aurions bientôt cent mille : le génie de Catherine Il marchera devant nous. » Nous savons que Catherine se méfiait de la courtisanerie ; elle ÿ était trop accoutumée.Elle ne se laissa pas convaincre.