Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L'CÉGRILLARDE » EN FRANCE 127

quand il tombera du pouvoir. Mais c’est que Necker, avec lequel elle a été au mieux dans les débuts de la Révolution, outre qu’il a pactisé avec tes clubs, s'est prononcé contre l'entente de la France et de la Russie. Elle ne lui pardonne pas une telle conduite.

Comme on voit, à partir de 1789, Catherine fit bon marché de notre littérature du XVII siècle. Voltaire seul conserva ses sympathies. Encore fit-elle, pendant la Terreur, enlever son buste des galeries de l’Ermitage ; en 1792, le patriarche, si fèté auparavant, était absent de la fameuse colonnade de Tsarskoé-sélo, où, seui de ses contemporains, Fox avait été jugé digne d’avoir son buste à côté de Démosthène, de Gicéron, d'Ovide, de Sénèque, de Jules César, ete. ! On peut donc dire que pendant la Révolution, Catherine s’en tint à nos gloires littéraires du XVI siècle : Corneille, Boileau, Molière.Je ne nomme pas Racine, car nous savons qu’elle n’eut jamais un faible pour l’auteur de Phèdre.

En résumé, l'Impératrice attribua à notre littérature du XVIL sièele et à l'esprit philosophiqueune grande part de responsabilité dans la crise révolutionnaire. Mais si elle affecte de traiter de coquins et de scélérats les «avocats » et «savetiers » qui à son avis conduisaient la France à l’abime, il faut convenir qu'elle s’abstint généralement de qualifier avec ces rigueurs ses anciens amis les philosophes. A part quelques allusions sanglantes à l'adresse de Diderot, à part cette affirmation que l'Encyclopédie avait eu pour but le renversement de toute monarchie et de toute eroyance religieuse,