Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L’« ÉGRILLARDE » EN FRANCE 129

çaise rayonnait dans le monde entier, l’œuvre la plus libérale qui soit sortie de la plume de Catherine, l’/nstruction pour le code, fut interdite en France. Et c'est l’Impératrice qui pendant la Révolution française proscrivit la littérature française et lui ferma les portes de la Russie.

Sa méfiance, en effet, ne se porte pas seulement sur les hommes politiques ; écrivains et artistes pour lesquels elle a eu jadis un vrai penchant sont également soupçonnés par elle d’être des propagateurs des idées nouvelles et sont mis à l'index.

Est-il besoin de nommer les écrivains de second ordre qui pendant la période révolutionnaire, firent le voyage de Russie ? Ils sont peu nombreux, et n'y jouèrent aucun rôle. Sénac de Meilhan, il est vrai, s’'adressa à l'Impératrice pour écrire l’histoire de Russie. Nous verrons plus loin l'accueil qu’elle lui fit et l'opinion qu'elle en prit. Sénac de Meilhan, d’ailleurs, était-il, à proprement parler, un écrivain ? Ancien administrateur du Hainaut, il aspirait à jouer un rôle politique, et les écrits qu’il a publiés sont dus sans doute aux loisirs quË lui laissèrent la politique et l'administration.

Il n’est pas d'autre écrivain français de quelque importance qui se soit signalé à la cour de Russie pendant la Révolution. Ceux de nos compatriotes qui allèrent en russie ou qui s’y trouvaient déjà étaient des émigrés et n'avaient rien de littéraire.

En ce qui concerne son commerce épistolaire, nous savons que l’Impératrice correspondit avec Grimm jusqu'à sa mort, et lui continua une confiance qu’il avait

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