Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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bien méritée. Mais il fut leseul. Quand nous parlerons de la liaison de Catherineavecson « souffre-douleurs,» nous dirons que les relations de ces deux esprits si intimement unis, ne subirent aucune atteinte des évènements de la Révolution ; avec les années, cependant, Catherine, — sa correspondance en témoigne, — se livre moins ; elle n’a plus avec son correspondant les mêmes élans. les mêmes confidences. Et lorsque Grimm, qui a souffert de la Révolution, à cause des relations qu'il entretenail avec l’Impératrice de Russie, et qui s’est retiré en Allemagne, sollicite de Catherine la faveur d'un gite à Pétersbourg pour y aller finir ses jours aux pieds de sa souveraine, c’est par des faux-fuyants qu’elle accueille son vieux ce factotum, » remettant au lendemain, c’est-à-dire à l’année d’après, ce qui n'eut dù souffrir aucun délai. ’

La Révolution n'empècha pas Pétersbourg de s'amuser. La Cour etla Ville eurent comme par le passé, leurs bals et leurs réceptions qui se suecèdèrent sans interruption. La splendide fète que Patiomkine donna dans son Palais de la Tauride est du 28 avril 4794. Catherineëtaitde beaucoup deces fêtes.Le 15 février 1794, par exemple, elle écrira à Grimm qu’elle est très fatiguée pour avoir assisté la veille et l’avant-veille à deux bals,ce qui nel’empêchera pasd'aller lesoir mèêmeàun troisième. La société mondaine de St-Pétersbourg s'occupait peu de la Révolution ; accoutumée au luxe et aux plaisirs, elle n’était pas disposée à se priver de réceptions et de spectacles, de danses, d'opéra-bouffes et de comédies. Le théâtre français à Pétersbourg fut, pendant la Révolution, étroitement surveillé, mais il resta ouvert. Et de temps en temps le théâtre de l'Ermitage ouvrit ses por-