Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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tes aux privilégiés. Les acteurs et actrices continuèrent donc à aller en Russie, et la façon dont certains y furent accueillis rappela les succès que Madame Todi, que Dufresne. ete., y avaient précédemment obtenus.

Quelques artistes se rencontrèrent aussi à Pétersbourg, mais ils y étaient en petit nombre. Doyen y devint le peintre favori de la cour, et l'Impératrice goûtait sa conversation. Quant à Mme Vigée-Lebrun, qui a laissé dés mémoires sur son séjour en Russie, elle fut d’abord très fètée. Précédése d'une réputation illustre, elle arriva à Pétersbourg en août 1795. À vrai dire, c’est surtout la société de Pétersbourg qui s’engoua de Mme VigéeLébrun. Rostoptchine nous dit qu'elle était très à ja mode et qu’on lui donnait des fêtes. « Elle se fait payer 1000, 2000 roubles pour un portrait, comme on paierait deux guinées à Londres. » (1)

L'Impératrice subit cet engouement et commanda à Mme Lebrun les portraits de deux de ses petites filles. Mais Mme Lebrun nie se borna pas à être à la mode ; elle apporta des modes françaises, les indiqua aux dames de la société, et «la fureur de se costumer d'après ses idées, et tout plein d’extravagances, » (2) nous dit Rostoptchine dans une nouvelle lettre, contrarièrent l'Impératrice, et empêchèrent la voyageuse de réussir aussi longtemps qu'elle le eroyait.

Rostoptchine déclare que sans être connaisseur en tableaux,les portraits des deux grandes duchésses lui paraissaient réellement très mauvais,avec leur coloris choquant « d’une teinte violette. » Quant à l'Impératrice elle

(4) Lettre de Rostopichine à Voronzofdu 14 septembre 1795. (2) Lettre de Rostoptchine à Voronzof du 19 décembre 1795.