Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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« J'étais à Pétersbourg, dit de son côté Langeron dans ses Mémoires inédits, lorsqu'on y apprit la mort de Louis XVL Elle y excita l'horreur qu'inspira partout et devait inspirer un forfait si inoui. Les Français établis en Russie eurent beaucoup à souffrir et de la société et du peuple même. »

Khrapovitski rapporte les réflexions qu'émit l’Impératrice à l'annonce de cette nouvelle : « C’est une injustice criante mème envers un particulier ; il faut abso-

‘ lument exterminer jusqu’au nom des Français. » Elle sent que cet attentat est un défi à l'Europe monarchique, et ilest visible qu’elle en est frappée d'horreur. Et voici ce que, à la date du 13 avril 1793, Catherine trouve pour exprimer son indignation: « Ecoutez, jusqu'ici on avait vu des royaumes tomber en quenouille, mais jamais encore, que je sache, on n’en avait vu tomber en scélératesse. Ce beau régal était réservé au XVIII siècle, qui naguère se vantait d’être le plus doux, le plus éclairé des siècles, et qui à enfanté des âmes atroces au milieu de la villela plus réputée qu’on connût. Fi des abominables ! » (1) 14

Le jugement qu’elle ajoute est trop saugrenu pour ne pas être cité : « Savez-vous Ce que c’est ce que vous voyez én France ? Ce sont les Gaulois qui ont essayé de chasser les Frances; mais vous verrez revenir les Francs, et les bôtes féroces avides du sang humain seront ouexterminées ou obligées de se cacher où elles pourront. » li faut croire qu’elle le pense comme elle le dit, car ce n'est pas là ur jugement isolé. « En chassant la noblesse

4) Léllre à Grimm.