Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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de France, dira-t-elle un autre jour, qui ne voit pas que ce sont les Gaulois qui chassent leurs conquérants, les Francs, dela Gaule ? » 11 n’est pas surprenant que Catherine ait si mal jugé l’état de la France pendant la tourmente révolutionnaire, puisque les Émigrés étaient la principale et presque la seule source de ses informations : il en est de même dela Gazette de Pétershourg qui reflète sesidées. Mais voilà une fantaisie historique qui dépasse les bornes et qui serait indéchiffrable si nous ne savions pas qu’en 1793 Catherine était plongée dans l'histoire de Russie et selivrait à ses travaux d’ethnographie avec l’ardeur qu'elle avait précédemment montrée pour le théatre.

Il est done établi que la mort de Louis XVI donna la fièvre à la Tsarine ; par contre, la mort de Marie-An toinétte ne lui donna rien du tout. Au récit touchant que Grimm lui fit du supplice de cette femme dont les imprudences et une grande légèreté étaient le principal crime, elle répondit par ces simples mots: «On s'opiniâtrait à croire que la reine entre les mains des Jacobins se trouverait plus en sûreté qu'entre celles des frères du roi. C'est un fait. Ce faux principe lui a coûté la vie : voilà ce que c'est que d’en prendre. » Ce laconisme est significatif. La situation de Marie-Antoinette aux Tuileries en 1790 et 4791 lui a arraché quelques paroles de regrets ; mais c’est du bout des lèvres qu'elle les a formulées. Au fond, Marie-Antoinette ne lui a jamais été plus sympathique que Marie-Thérèse. Mais tandis qu'elle avait eu de l'ironie amère pour les pleurs hypocrites et le désintéressement feint de la mère, —