Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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qu’elle appelait «maman,»—c’estle dédain qu’elle garda devant la mort de la fille. C'est au ministre de Russie à Paris,deSimoline,que Marie-Antoinette avaitdit :« J'aime mieux courir tous les dangers possibles que de vivre plus longtemps dans l’état d’avilissement et de malheur où je suis. » La Tsarine ne s'était pas longtemps arrètée à ces sensibleries.

On sait quelamortde Louis XVI eutde pénibles conséquences pour noscompatriotes résidant en Russie.Catherinepritcontreeux des mesures draconiennes.C'estle 31 janvier qu’arriva à Pétersbourg la nouvelle dela mort du roi de France. Khrapovitski nous dit qu’à la date du 8 février, Catherine signa un oukase par lequel toutes relations politiques étaient rompues avec la France. De plus, elle exigea de tous les Français des deux sexes un serment de fidélité à la cause royale, d'après une formule qu’elle avait clle-mème préparée. Ce serment fut prêté dans les églises, et ceux qui s’y refusèrent durent quitter la Russie immédiatement. La Gazelte de Pétershourg publia de longues listes de Français qui s'étaient soumis à cette obligation ; ce qui fait dire à Catherine, dès le 13 avril : « Pour moi, j’ai fait prêter serment à tout ce qui n'a pas voulu être chassé de la Russie : Imaginez, s’il vous plait, ce qui en est arrivé. Tous les assermentés sont devenus zélés royalistes (1). » Catherine avait le succès facile ! Quand le comte d'Artois sera à Pétersbourg, Catherine dira que les Français résidant en Russie, « purifiés par le serment, » lui ont exprimé des sentiments de sympathique soumission.

(4) Lettre à Grimm du 18 avril 1793.