Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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du changement de dispositions de la Tsarine à l'égard de nos compatriotes. Mais ceux qui demeurèrent en Russie ne furent guère plus favorisés.

Les ports russes reçurent l’ordre de ne recevoir aueun bâtiment portant pavillon français, et il fut donné trois semaines à nos agents consulaires pour quitter le territoire russe. Enfin. défense fut faite aux Russes de se rendre dans notre pays, de recevoir des journaux de France, d'entretenir des relations avec nos compatriotes, et un nouvel oukase du 8 avril, interdit d'introduire en Russie des objets quelconques d’origine française. Catherine redoutait tellement linvasion de nos idées, qu’elle fermait la porte de la Russie même aux modes françaises. C'était une sorte de blocus exercé contre la France.

Les relations commerciales entre la France et la Russie étaient à cette époque trop peu importantes pour que notre industrie, qui se ressentait, d'ailleurs, de la crise politique et de la guerre dont nos frontières étaient le théâtre, en souffrit beaucoup. Mais les plus atteints furent les Français résidant en Russie, — et ils étaient nombreux, — qui durent se déclarer royalistes, beaucoup malgré eux. — Ceux qui n'offraient pas toutes les garanties furent étroitement surveillés par la police sommaire de Catherine et soumis à ses vexations. Dès 1791 il avait été dit que la France enverrait des agents à l’étranger dans le but d'y répandre les idées révolutionnnaires. Les souverains effrayés des progrès de la Révolution à Paris ne se trouvaient plus en sécu-