Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L'« ÉGRILLARDE » EN FRANCE 139

rité et craignaient de rencontrer dans ces émissaires des assassins, L’Impératrice de Russie, spécialement visée en raison de ses relations avec les Émigrés, n’était pas rassurée. Khrapovitski nous dit qu'un Français signalé comme voulant attenter à la vie de la souveraine, avait traversé Kœnigsberg le 22 mars 1791, où il avait été activement recherché, et que des mesures énergiques avaient été prises pour arrêter à la frontière et à Pétersbourg toute personne suspecte et non munie de papiers en règle. Autour de Tsarskoé-sélo une surveillance spéciale fut exercée.

En 1792 la cour de Russie avait voulu voir la main des Jacobins dans le meurtre de Gustave III et dans le décès de Léopold IT ; aussi les craintes de l'Impératrice avaient-elles redoublé. Ce fut bien autre chose après la mort de Louis XVI, alors que d’après le bruit publie, les démagogues songeaient à se débarrasser de toutes les têtes couronnées. Le général commandant le Palais d'Hiver imagina de doubler les sentinelles qui se trouvaient à toutes les portes. Catherine ne voulut pas laisser croire qu'elle avait peur ; elle fit suspendre l’exécution de cet ordre, mais recommandation spéciale fut donnée au chef de la police de redoubler de vigilance. La police de Catherine II était singulièrement faite : sommaire, tracassière et aussi peu préventive que possible. La souveraine avait confié le service de la police à un homme sûr et réputé pour son énergie, Ryléef. Il a été cité bien des anecdotes sur Ryléef. Nous en choisissons deux, dont une est racontée par Langeron, dans