Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

446 CATHERINE 11 ET LA RÉVOLUTION

néanmoins, de faire des réserves sur les qualités que la Tsarine lui trouva. A la date du 13 avril, la veille du jour où le Prince quitta Pétersbourg, Catherine écrit à Grimm : « J'ai trouvé ce prince tel que je le souhaitais, d’une compréhension facile, l'âme élevée, le cœur bon et magnanime. » Et le 22 avril, après que le voyageur s'est embarqué pour l'Angleterre, elle ne pense pas autrement : « M'° d'Artois m'aime comme sa mère ; tout le monde a été très content de lui; c’est un prince qui a un cœur excellent, une compréhension très facile, un sens droit ; il entend volontiers de bons conseils, et il les suivra, j’en suis sûre. Je lui crois du courage et de l’intrépidité. L’évèque d'Arras est une bonne et sage tête ; je voudrais un bon et expérimenté militaire près de M° d'Artois. » Catherine ne doute pas qu’ «une fois à même, » le frère du roi ne remplisse à merveille : la besogne de lieutenant-général du royaume : « Le malheur est un grand maitre, et en vérité, je pense que Henri IV n’en savait pas plus que lui. Les grandes affaires se régissent par quatre ou cinq axiomes : qu'il s’y tienne, il les fera.» Voilà bien des compliments, mais ‘ous lesquels il n’est pas difficile, cependant, de deviner le peu de cas que Catherine fait des talents militaires du Prince. Elle lui reconnait avec complaisance le sens droit, mais c’est sans doute parce qu’elle ne lui a pas trouvé l'esprit supérieur ni l'allure à la Henri IV qu’elle a rèvés pour lui.

Le comte d'Artois inspira donc quelque intérêt à lImpératrice, et elle luitrouva de la grâce dans les manières avec un cœur excellent; mais le silence qu'elle