Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L'« ÉGRILLARDE » HN FRANCE 147

observe sur son esprit politique est significatif, el quant à ses capacités militaires elle ne craint pas de les mettre en doute. Le dernier mot de Catherine sur le comte dArtois se confondra d'ailleurs avec ce qw’elle dira en 1795 de l'Émigration : « Toutes ces têtes émigrées pour la plupart sont de très mauvaises têtes » (1). Elles les a toutes trouvées «au-dessous de la besogne : » le comte d’Artois est sûrement du nombre. Le jugement définitif qu'elle porte sur l’Émigration l’atteint plus que tout autre. Au fond elle l’a vu à peu près tel qu'il est. Elle lui prodigue des éloges de commande, mais elle n’est pas éloignée de voir en lui «l'homme le moins fait pour reconquérir un royaume. »

Par contre, le comte d'Artois porte sur la Tsarine un jugement plus enthousiaste. C'est le momentoù il dira: « Je ne la regarde plus que comme un ange » (2).

Impératrice n'eut pas besoin, du reste, d'attendre 1795 pour être fixée sur les mérites du Prince. En 1793 lecomte d'Artois a déjà déçu ses espérances, et l'Émigration a donné les preuves desonimpuissance. Le prineede Condé est le seul qui exerce encore quelque commandement, et sur lui seul s’est reportée la confiance bien réduite que Catherine a d’abord eue pour les frères de Louis XVI, Mme de Staël a dit des Émigrés qu'ils étaient « une poignée de Français perdus au milieu de toutes les baïonnettes de l'Europe.» Certes, Catherine ne s'était pas fait longtemps des illusions sur leur compte. Ge fut

«b Lettre à Grimm du {2 juin 1795. (2) Lettre du comte d'Artois à Vaudreuil.