Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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a acceptés que parce qu’elle a recueilli sur euxles meilleursrenseignements, et parce que,de notoriété publique, ils appartiennent au parti de la monarchie. Encore a-telle refusé au comte de Damas un poste d'aide de camp à sa cour, de crainte d’avoir un espion à ses côtés. Son dédain pour nos compatriotes est tel qu’elle se fera violence pour reconnaitre les services que de brillants et valeureux officiers comme Richelieu, Langeron et Damas ont rendus à la Russie. Et nous savons qu’elle refusa les offres d’une quantité d’autres officiers français. Tel, par exemple, ce marquis de Juigné, qu’elle a connu et dant elle sait la parfaite honorabilité ; mais elle ignore ses qualités militaires, et « il doit être très vieux » : elle n’en veut donc pas. Catherine n'accepte guère queceux qui consentent à quitter la France sans esprit de retour, et qui par leur âge et leurs capacités lui assurent une longue durée de services.

Les Français auquel elle fait un accueil sans réserves. comme le comte de St-Priest auquel elle confia des missions à Vienne et à Stockholm,etcomme de ChoiseulGouffier, (1) qui gagna ses faveurs et reçut des terres, des paysans et des places lueratives, restent done des exceptions ; et si d’Esterhazy eut à l’Ermitage et à Tsarskoé-Sélo ses grandes et petites entrées, c'est parce

(1) L'ouvrage de M. Léonce Pingaud sur Choiseul-Gouffier, esl très caractéristique du double rôle que joua cet ambassadeur de France à Constantinople. Choïseul-Gouffier ne craignit pas de desservir les intérêts français, et sous le prétexte de travailler au relèvement de la monarchie, il rendit des services signalés à la Russie. C’est ainsi qu'il s’attira la faveur de l'Impératrice qui pour se l'attacher sut y mettre le prix.