Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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c'est en 179% qu’il lancera cette autre apostrophe : « Quand on étudie les Français on trouve quelque chose de si léger dans tout leur être qu'on ne conçoit pas comment ces gens tiennent à la terre ; je suis tenté de croire qu'ils sont formés de gomme élastique qui se prête à tout.» (4) En 1820 son opinion sur nous sera tout aussi injuste : « Le Français ne connait pas l’assujettissement au devoir. Il n'y est retenu que par la crainte. Le serment est un jeu de mots, et il ne connaît d'autre amour que celui de sa personne, d'autre motif de conduite que son intérêt, d'autre stimulant que la folie. »

Ge sont là des jugements pittoresques, mais trop peu sérieux pour nous faire connaître l’état d’âme dela Russie sur notre compte pendant la période révolutionnaire. La lettre de Genet, du 5 juin 1799, est plus caractéristique : « Les jeunes gens de la cour détestaient les Émigrés parce qu’ils avaient eu quelques succès auprès des femmes, et les gens sensés parce qu'ils ne cessaient de parler des privilèges de la noblesse dans un pays où l'aristocratie est beaucoup plus à craindre que la démocratie. »

Oui, sans doute, les succès de quelques-uns de nos compatriotes dans certains salons de Pétersbourg, où avec les frivoles passe-temps et les jeux de société si à la mode au XVII siècle,ils apportèrentune grâce ef une galanterie qui ne pouvaient qu'être appréciées des dames russes, leur attirèrent des jalousies dont souffrit

. (1) Lettre de Rostopichine à Voronzof, du 28 mai 1794, archives Voronzof, tome VII.