Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L' « ÉGRILLARDE » EN FRANCE 157

notre réputation. Oui, sans doute, la plupart des émigrés affectèrent de parler privilèges dans une cour où il y en avait tant, et ils affichèrent outre mesure des idées et des goûts français qui ne pouvaient leur attirer que des hostilités. Nous savons que Roger de Damas se compromit à la cour de Russie pour s'être montré en uniforme français.

Mais ce ne furent là que des causes secondaires.

Puisque la haine de la noblesse russe ne se porta pas seulement sur nos jacobins, mais s’étendit aussi aux royalistes, il se peut qu'à l'égard des Émigrés les causes de réprobation qu'invoque Genet soient plausibles. Comme semble ledire M. Léonce Pingaud, il ne résulta rien de bon de ce rapprochement de notre s0ciété de l'Ancien régime avec la jeune noblesse slave.

Mais à l'égard de ia France et des Français en général, il est plus prudent, pour apprécier les causes de notre diserédit en Russie, de ne pas s'en rapporter seulement à Genet ou à Rostoptchine. La Russie du XVII siècle, plus que celle de nos jours, se laissait guider par la voix de son souverain. Il suffisait que Catherine vit dans tout Français un régicide ou un scélérat pour que son entourage n’aperçüt pas différemment. Puis il était logique qu'à une période où nos savants et notre littérature avaient été si choyés, succédàt une période de lassitude. Cequi était singulier, c’est que dans un pays où l'impulsion du souverain décidait de la mode et d’un engouement, ce füt la même impératrice qui nous jetât aux gémonies après nous avoir portés au pipacle, Enfin, malgré le soin des royalistes de se dé-