Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

i58 CATHERINE 11 ET LA RÉVOLUTION

pouiller de toute allure libérale, il est à croire que sous certains points ils parurent aux Russes infectés « des opinions qui dominaient dans leur pays. »

Cest à ces causes qu'il convient surtout d'attribuer le discrédit dont nous fûmes victimes en Russie pendant la Révolution.

Quel changement depuis le jour où le baron de Breteuil écrivait en 1763: « Le gros de Ia nation russe n'a point en général de prévention défavorable à la France. Elle en a même une idée de supériorité qui lui en impose, sans trop la révolter… Nos modes, nos airs, nos ridicules et même nos vices sont fort du goût général et décident en notre faveur la plus grandepartie de la jeuncsse. » (1) Mais en 1763, Catherine était engouée de nos philosophes, de notre littérature, de nos mœurs, (de notre civilisation, et la noblesse russe avait suivi impulsion de sa souveraine. En 1799 la Russie officielle obéissait au motd'ordre contraire de son Impératrice : les Français étaient conspués à la cour de Russie. .

Dans cette haine il entrait une grande part de mépris. Aussi, au lieu de s’insurger contre la Révolution franÇaise, la noblesse russe se borna-t-elle à lui opposer le masque d’un silence dédaigneux. Nous avons cependant plus que les boutades de Rostoptchine pour savoir ce que la Russie d'alors pensait de la Révolution. A côté des appréciations des ambassadeurs Markof et Simoline,

(1) Mémoire sur la Russie, du {er septembre 1763, Mémoires et documents, tone IX. Archives des Affaires étrangères.