Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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consignées dans leur correspondance officielle, nous possédons les jugements de Semen Voronzof, ambassadeur de Russie à Venise, puis à Londres où il joua pendant la Révolution un rôle considérable, et ceux de lun de ses correspondants, le prince Kotchoubey, qui en 1792 représenta la Russie à Constantinople.

Semen Voronzof, frère de la comtesse Daschkof et d'Alexandre Voronzof qui, pendant de longues années et jusqu’en 179%, occupa sous Catherine IL le ministère du commerce, et sous son petit-fils Alexandre If" le ministère des Affaires étrangères, et neveu de Michel Voronzof, ancien chancelier et favori de l’Impératrice Elisabeth, était un esprit délié et indépendant. Lors de la révolution de 1762 il avait pris parti pour Pierre IT, en même temps que Madame Daschkof, sa sœur. contribuait à l’avénement de la jeune souveraine. De cette attitude il avait gardé contre Catherine I! un certain ressentiment, qui durant toute sa carrière, se manifesta par une liberté de jugement rare chez les Russes de cette époque. Catherine, mise en garde contre lui, l'occupa, mais le tint éloigné de Russie. Il passait pour un mécontent et l'était dans quelque mesure. Semen Voronzof avait reçu une éducation toute française ; il avait beaucoup voyagé et était venu en France; la civilisation oc cidentale lui était familière, et il en avait reçu la bienfaisante action. Il était donc singulièrement préparé à comprendre la portée des événements dont la France allait être le théâtre : et si un Russe eut pri prévoir et pénètrer la Révolution française, c’est bien lui. Cepen-