Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L'« ÉGRILLARDE » EN FRANCE 161

mépris ? Le prince Kotechoubey qui s'était arrèté en France en 1791 et 1792, avait vu les débuts du mouvement révolutionnaire. Le 12 octobre 1791 il écrivait de Paris : «La nouvelle législature se conduit si indignement que je erains qu’elle ne gâte tout, » et il prévoyait « des horreurs » à brève échéance. Rentré à Pétersbourg, il se lamenta sur la lenteur des opérations du due de Brunswick ; mais c’est le 10 juillet 1794 seulement qu'il écrira à Voronzof: « Je déteste les Français plus que jamais, et si vous m'avez vu un peu pencher pour la Révolution, je penche maintenant beaucoup pour une contre-révolution. » Von Vizine et Karamzine qui étaient venus en France n'étaientguère moins sévères pour nous.

De tous ces jugements il est permis de conelure, sans tomber dansl'excessivité de Voronsof, que la France pendant la période révolutionnaire, comme Catherine l'éerit à Grimm, fut très mal vue sur les bords de la Néva. Les sympathiesque notre représentant à Pétersboure, M. Genet, recueillitaumomentoüilse vitinterdire l’entrée dela cour, ne furent que des manifestations isolées, émanant, pour la plupart, d'étrangers établis en Russie ; il faut rappeler, d’ailleurs, que ces marques de sympathie sont de 1791 ; et si Genet s'étaitencore trouvé en Russie de 1793 à 1796, ilest peu probable qu'il eût été l’objet de manifestations de ce genre. La correspondance de Semen Voronzof avec son frère et avec Rostoptchine, et celle de Kotchoubey réflètent donc dans quelque mesure les sentiments de la haute société russe à notre égard. :

Ce n’est pas d'ailleurs seulement à partir des journées