Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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Etil ne faut pas crôire que les émigrés qu’elle recevait, les d'Esterhazy, les Nassau-Siegen, les de St-Priest, les Choiseul-Gouffer, ete., fussent par son entourage accueillis sans restrictions aucunes. Ils étaient acceptés parce que la souveraine l'exigeait, et parce que la politique impériale le commandait ; mais d’instinet la société russe repoussait les Français avec un empressement égal à celui qu’elle avait mis jadis à les attirer ; la réaction se produisait contre tout ce qui portait un nom étranger, et elle était particulièrement violente contre nous.

Nous savons aussi par Langeron qu'il n’était pas facile aux Français servant comme lui à l’armée de Patiomkine de se faire accepter des officiers russes.C’est lui qui nous dit que le comte Roger de Damas. dont les hautes facultés étaient gàtées par un amour-propre exagéré, mais officier distingué par sa bravoure et par son coup d'œil, était détesté à l’armée russe, non pas à cause des faveurs que lui accordait Patiomkine, mais à cause de sa qualité de Français. Cest par Langeron que nous savons que M. de Boismilon qui servait avec lui à l'armée de Patiomkine fut accusé d'espionnage et eul à subir des humiliations. Langeron, lui aussi, fut exposé à toutes sortes de calomnies et de faussetés ayant pour but de le séparer de son compagnon d'armes, le comte de Damas, et de le discréditer aux yeux de Patiomkine. Les Russes ne pouvaient pas concevoir comment des hommes tels que MM. de Damas, deRichelieu, de Langeron, etc., pouvaient venir risquer leur vie et dissiper leur fortune pour une cause étrangère. et dans le seul but de se dis-