Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L'« ÉGRILLARDE » EN FRANCE 165

tinguer. Aussi étaient-ils toujours portés à ne voir dans ces gentilhommes français que des aventuriers de basse extraction, etonsait quel’origineroturière était pour eux la tache originelle. Langeron nous donne à cet égard un détail piquant : « A St-Pétersbourg, deux ansaprès l'arrivée de M. de Damas en Russie, on me demandait si réellement il était d'une grande naissance, et si sa position en France étaitaussi avantageuse qu’il le disait, et beaucoup de ceux qui me faisaient cette question, n'étaient sûrement pas eux-mêmes d’une origine bien distinguée. »

Mais quoi de plus caractéristique que la scène que Langeron euten 1791 avec Patiomkine ! Elle nous montre bien le mépris des Russes pour les Français et pour la noblesse française. Cette scène a donné lieu à des récits exagérés et inexacts. D’après la version la plusrépandue, Patiomkine, au milieu d'un repas,aurait dit à Langeron qu'il mettrait facilement tous les Français à la raison avec des Kosaks ; et Langeron de répondre qu'il n'en viendrait pas à bout avec toute son armée.

Langeron se défend dansses Mémoires d’avoir fait cette réponse qui aurait été insultante et déplacée pour l'armée où il servait. Il rétablit les faitset y ajoute quelques réflexions : «Un jour, àtable,Potemkin maltraita la noblesse polonaise. Le comte Gourowski applaudit à cette insulte, 1] attaqua ensuite la noblesse française : Je lui répondis avec une fierté quieut paru partout très simple et fort placée, mais qui alors était en Russie le comble de la témérité. Tous ceux qui étaient à table pâlirent ettremblèrent. Potemkin se leva furieux et quitta la table.

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