Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L'& ÉGRILLARDE » EN FRANCE 169

au lieu de cela on voulaitavoir Strasbourg,pour y passer l'hiver, et on prétendait y avoir des intelligences; ce n’était pas mon avis à moi ; je leur prêchais la bicoque.»

Autour de Catherine, il y a longtemps que les Émigrés ont été jugés à leur valeur : Rostoptchine aura pour lui le sentiment général quand le 20 août 1795 il écrira à Voronzof : « Les Émigrés à force de dire et de faire des sottises, commencent à ennuyer et se soutiennentfaiblement. Il parait même que le vertueux Esterhazy n’est plus aussi signifiant qu’il l'était. J'en juge par un air affable et un ton honnête que je lui ai trouvé. Plusieurs d’entre eux sont allés établir des fermés en Crimée, et finiront, je crois, par mourir de faim. »

C'est bien autre chose quand Catherine parle de la coalition. « Comme la jalousie entre les puissances apris le dessus sur toute autre vertu, il en est résulté lestrois misérables campagnes que nous avons vues.»({) La coalition, pas plus que les Émigrés, n’a voulu suivre ses conseils. N’est-il done pas logique qu'aux yeux de la Tsarine ce soit pour ce motif que la cause de la monarchie est perdue en France ? Les Prince: et les Émigrés n'ont pas voulu se contenter de la « bicoque. » L’Autriche et la Prusse ont agi, mais mollement, trop tard, avec un esprit de défiance réciproque et avec l’arrière-pensée de morceler la France. Les efforts des uns et des autres n’ont été ni combinés, ni poursuivis avec suite. La défaite de l'Émigration et celle de la coalition sont dues à toutes ces causes.

(1) Lettre à Grimm du 22 janvier 1795,