Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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l'impossible pour les faire agir; et nous ne prenons d'autre part dans leur mouvement que celle qui convient à nos intérèts, c’est-à-dire nous accordons de l'argent aux Princes, tandis que nos mains restent libres avec des forces militaires plus que suffisantes pour effectuer nos vues. »

L'Impératrice fera l'impossible pour retenir la Prusse et l'Autriche sur les frontières de France. Aussi faut-il voir son dépit quand Berlin traite avec la France nouvelle, et de quel mépris elle accable le prince Henri de Prusse, le roi Frédéric-Guillaume, ses ministres et ses pléninotentiaires, surtout Hardenberg ! A ses yeux, le roi de Prusse a trahi la cause des rois, Autant, jadis, elle a fait l'éloge du prince Henri quand il a aidé ses projets, autant aujourd’hui elle le couvre de ses sarcasmes. Et sa colère n’est guère moindre contre Vavocat Thugut, — avocat est pour elle une des pires injures, — quand elle apprend que l'Autriche a l'intention d'imiter l'exemple de la Prusse et de « traitailler » avec la France.

«El est temps, écrit-elle à Grimm le 27 août 179%, que toutes les puissances reconnaissent comme moi Louis XVII pour roi, qu’elles mettent ses amis, seS parents en avant, qu'elles leur fournissent les moyens de se rendre là où le devoir et la nécessité générale les appellent pour le rétablissement de la religion et du roi. » Catherine s'est empressée de reconnaitre Louis XVIL. Que luien coùûtait-il, en effet? Mais envoyer une armée sur le Rhin eût été autre chose, et Catherine