Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

172 CATHERINE 11 ET LA RÉVOLUTION

persévère dans son attitude égoïste de non-intervention !

Au printemps de 1793 le ton s’accentue. Le 1° février elle s’écrie : « La guerre serait finie depuis longtemps si On avait suivi mes avis. Au lieu de prendre lesmoyens véritables de finir, on s’est embourbé jusque par dessus les oreilles. A présent si on ne fera pas ce que je dis, soyezsür qu’il y va de la destruction générale 2 C'est moi qui vous le dis ; je suis un prophète abominable qui ne s’est jamais trompé. » La modestie de Catherine est en défaut ; nous avons des doutes sur son infaillibilité ; elle s’est souvent trompéesur les autres. Où elle n'a jamais vu trouble, c'est quand il s’est agi des intérêts de son Empire et de sa gloire ; et c’est encore à ses projets de derrière la tête qu’elle songe, quand elle « prophétie » que si la guerre contre les Français n’est pas poussée avec une nouvelle vigueur, « il en arrivera à tous les Etats sans exclusion aucune, qu’ils seront tous engloutis par la colère céleste, »

À la première nouvelle que la Prusse parle d'arrêter les hostilités, l’Impératrice s'écrie : « Point de paix sans honneur | » Et elle écrit à Grimm : « Comment faire la paix avec des scélérats, avec des régicides, dont la perfidie est reconnue à chaque instant ? Qu'est-ce que PAllemagne peut se promettre autre chose que sa ruine présente et future de cette paix honteuse qu’on lui négocie ? Ne vaudrait-il pas mieux et ne serait-il pas plus honorable, je vous le demande, de s’armer avec vigueur, d'agir avec énergie pour la défense commune ; enfin de charrier droit et de repousser la canaille républicaine