Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

178 CATHERINE II ET LA RÉVOLUTION

gage de sa bienfaitrice traitera Thugut de « vermine po‘ litique. » £

Catherine ne peut pas admettre, en effet, — et la

logique est pour elle, — que Louis XVIII erre en fugitif de lieu en lieu, mendiant un asile. À son avis, Louis XVIII eut dù entrer en France; c’est ce qu'elle aurait fait à sa place, et elle y eut joué un «rôle très significatif, malgré les autorités constituées et non constituées,» (4) de telle sorte qu’il eùt été dit : « Voilà un drôle qui ne se mouche pas du pied.» Et à défaut de la France, c’est auprès du prince de Condé, et à proximité de l’armée du maréchal Souvorof, de manière à s’appuyer sur elle, et à ne plus la quitter quand elle aura atteint la Bohème, que le devoir appelle Louis XVIIT : « S'il ne sera pas près de la France,comment y entrera-t-il donc? Il paraît que ces gens-là voudraient que les alouettes toutes rôties leur volassent dans la bouche. » Comme on voit, elle ne se gène pas pour railler le chef de la maison de Bourbon.

La Tsarive, en effet, a enfin résolu de faire une démonstration militaire sur le Rhin. Nous sommes en 1796. Catherine juge qu'il ne lui est plus possible de se dérober ; les progrès desidées révolutionnaires en Europe sonttels qu’elle commence à redouter sérieusement deles voir pénétrer enRussie. Par sasituation géographique la Russie n'est pasexposéecommeles contrées des bords du Rhin ou des frontières des Alpes. Aussi, Catherine, dans les premières années de la Révolution, n’a-t-elle guère redouté

(1) Lettre à Grimm du 27 juin 1796,