Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L'«ÉGRILLARDE » EN FRANCE 183

vateur, — quand nous lavons vue rapprocher les ÉtatsGénéraux de 1789 de ceux de 1359, et attaquer les Gonstitutionnels avec une violence au moins égale à celle qu’elle montre pour les régicides ? À ses yeux ils sont tous des scélérats et des bandits.

Catherine se méprit enfin sur les conséquences de la Révolution. Mais sur les conséquences de la Révolution, comme sur ses causes, et plus peut-être, elle eut quelques aperçus justes. Veut-on quelques exemples ?

Deux mois avant sa mort, avec une naïve ignorance, elle écrira à Grimm : «Toute la France veut un roi. » (1) Mais dès le 1° septembre 1791, elle lui avait écrit: « Si la Révolution française prend en Europe, il viendra un autre Gengis ou Tamerlan l4 mettre à la raison : voilà son sort, soyez en assuré, Mais Ce ne sera Pas de mon temps. » Et à plusieurs reprises, durant les journées de la Terreur, elle prophétisera la prochaine venue d'un César, d'un Gengis-Khan ou d'un Tamerlan. Tout d’abord, il est vrai, elle ne conçoit qu'un César venant de l'extérieur, et qui réduira les nouveaux Gaulois. « Mais César réduisit les Gaules! Quand viendra ce César? Oh! il viendra, gardez-vous d'en douter. »

Grimm, sans l’entretenir dans cette idée, lui a dit que lés « Welches » avaient prouvé par l'usage qu’ils avaient fait de la liberté «qu'ils y étaient propres comme la vache à danser sur la corde, » (2) et que le despotisme peut seul sortir de cet état d’anarchie. Peu à

(1) Lettre du 5 septembre 1796. . (2) Lettre de Grimm du 20 décembre 1190.