Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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peu l'idée d’un sauveur se fixa dans l'esprit de la Tsarine ; elle se demanda alors s'il ne sortirait pas du sol de France pour mettre ses compatriotes à la raison. Ainsi le 11 février 1794 elle écrira à Grimm: « Sila France sort de ceci elle aura plus de vigueur que jamais ; elle sera obéissante et douce comme un agneau ; mais il lui faut un homme supérieur, habile, courageux, au-dessus de ses contemporains, et peut-être du siècle même; est-il né, ne l'est-il pas, viendra-t-il ? Tout dépend de cela; s'il s’en trouve il mettra le pied devant la chute ultérieure et elle s'arrêtera là où il se trouvera : en France ou ailleurs. » Elle ne doute pas, d’ailleurs, que ce sauveur ne se présente, car il n'ya « disette d'hommes » dans aucun pays. Il s’agit de les trouver et de savoir s'en servir. À son avis les événements créeront immanquablement cet homme supérieur, et la France l'acclamera.

En 1795, cette pensée reparait plus souvent. « Je soutiens, dira-t-elle le 8 avril, qu’il n'y a que le pouvoir illimité qui sera goûté du peuple français, et que toute autre sorte de gouvernement ne saurait pacifier les troubles intérieurs de la France. La France est lasse, jusqu’à l'extinction, du républicanisme qui lui a fait tant de mal. Et puis la République finit toujours en royauté. Voyez l’histoire du monde, voyez jouer les enfants et les animaux : sont-ils tous de force égale, ou est-ce le plus fort qui l'emporte sur les autres ? » Et deux jours après, elle ajoutera : « Fiez-vous en pour la contre-révolution aux Français même : ils feront cette besogne-là beaucoup mieux quetous les coalisés. Ils