Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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vont grand train. » Du reste, d’après elle, les Français «ont été menés comme des moutons, et jamais peuple n’est plus sage qui sort fatigué comme celui-ci de la bagarre, » Voilà des circonstances, estime-t-elle, qui faciliteront singulièrement la venue et le succès de celui qui en réduisant la France sera le sauveur de l’humanité. Il peut être objecté que cette prédiction n’était pas difficile, car de l’état d’anarchie dans lequel se trouvait la France, il ne pouvait sortir, pour dompter les éléments déchainés et faire tout rentrer dans l’ordre, qu’une force représentée par un sabre. Encore faut-il savoir gré à Catherine d'avoir fait cette prédiction assez tôt, puisque nous la voyons poindre dès 4791, et faut-il la féliciter de ne pas nous avoir prédit le sort de la Pologne. Elle savait, il est vrai,à quoi s'en tenir là-dessus. Elle savait que l'Empereur et le roi de Prusse n’arrive-

raient jamais à s'entendre pour morceler la France républicaine. En résumé, la grande Sémiramis du Nord ne se préoccupa pas outre mesure de la Révolution, puisqu'elle ne se décida à agir efficacement qu'en 4796; mais elle s’en préoccupa assez pour en tirer profit. Elle prodigua les conseils aux Princes et aux Émigrés, et si elle leur donna de l'argent, c’est afin d'éviter l'envoi de ses soldats. Elle n’eut pas de cesse à pousser les puissances sur le Rhin, afin deles y occuper et d'avoir les mains libres en Pologne. Elle se déroba enfin à toutes les invites d’intervention en lançant contre la Révolution les épithètes

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