Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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les plus grosses et les plus grasses de son vocabulaire expressif et imagé. Et son parler agressif serait assez pittoresque s'il avait été un peu plus renouvelé.

Cependant elle ne fut jamais indifférente aux évènements de France, et quelques dates dela période révolulutionnairé lui furentplus particulièrement pénibles ; soit que ces crises lui révélassent le danger, soitqu’ellesluien fissent voir l’étendue et l'approche. La prise de la Bastille lui ouvrit les yeux : la fuite manquée du roi la déconcerta ; l'abolition des priviléges de la noblesse l’indigna ; Valmy lui révéla l'impuissance des alliés ; quand Louis XVI monta sur l'échafaud, elle eut le frisson et garda le lit ; quand Gustave Ill fut assassiné, elle craignit de voir un meurtrier surgir en Russie ; quand les Jacobins firent publier leur intention de la faire tuer, elle multiplia les précautions autour d’elle ; quand la Prusse se détacha de la coalition, elle cria à la trahison.

Sitout d’abord elle ne crut pas à l'exportation des idées révolutionnaires, quand elle vit quels progrès celles-ci avaient fait en France, et de quel envahissement elles menaçaient l'Italie et l'Allemagne, elle craignit de leur voir faire le voyage de Russie. En résumé, à un certain moment, elle prit peur, et pour accomplir son métier d'impératrice elle eut recours aux mesures répressives. Dès l'aurore de la Révolution elle avait ditadieu aux idées de liberté et de tolérance, et elle avait inauguré un régime de réaction. Aussitôt qu'elle sentit le péril pour son Empire, elle redoubla de rigueurs.

Mais il ne faut pas songer à trouver chez elle un réquisitoire raisonné des principes révolutionnaires ; elle ne dit rien de la justice sommaire de l’échafaud ; les