Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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mon fils la verra. » Et un autre jour : « C’est une contagion qui gagnera de proche en proche... Le peuple est partout ignorant et bète, et ce cri de point d'émpôls el égalité parfaite est trop attrayant pour qu'il ne se soulève. Notre tour viendra, plus tard à cause de l’éloignement, mais il viendra. »

D'autre part, Genet, notre représentant à Pétersbourg, écrit en 1790, 14791 et 1792 qu'il est des Russes qui applaudissent à l’avènement d’une Révolution dont ils ne voient que les aspirations de liberté et d'équité. Et nous relevons dans sa correspondance, à la date du 4 mars 1790, cette phrase significative : « Si d’une part je crains l'aristocratie, de l’autre je frissonne en pensant à ce que serait chez un peuple grossier et barbare une révolution populaire : tout serait détruit, tout serait anéanti, tout périrait par la flamme et le fer. » Tenu éloigné de lacour, Genetne connaissait qu'indirectement ce qui se passait dans l’entourage de l’Impératrice, mais mêlé par cela même à un monde qui avait peu d'attaches officielles. il pouvait mieux que d’autres raisonner sur l'écho en Russie des évènements de France.

[n'est pas difficile, d’ailleurs malgré lesoinavec lequel elle affecte de se montrer rassurée, de relever dans la correspondance et les écrits de l’Impératrice, la preuve de la frayeur que lui inspirait pour son Empire la Révolution française. Dès 1790 elle a dit que si les principes dominants en France devenaient épidémiques en Europe, « la conquête de cette partie du monde serait facile et se ferait aussi certainement que deux et deux font quatre. » Elle n’est pas sans songer à la Russie,